Alors que moins de deux ans nous séparent des Jeux de Paris 2024, nos sportifs de haut niveau (SHN) ont d’ores et déjà, et depuis de longs mois, voire de longues années, les yeux rivés vers cette échéance. Les Jeux, pour les centaines de sportifs qui aspirent à y participer, et plus encore pour les 550 qui auront l’honneur de porter les couleurs de la France côté olympique et les 150 côté paralympique, c’est en effet un graal indépassable.
Ce rendez-vous historique sera donc, pour chacun d’entre eux, l’aboutissement d’une existence entière dédiée à la haute-performance. 10 ans d’effort, 10 000 heures d’entraînement : voilà, en moyenne, ce qu’ils auront consacré pour se faire leur place - puis briller - au meilleur niveau international. Soit une somme inouïe de travail et de concentration, mais aussi de sacrifices et de souffrance, consentis dans la solitude propre au chemin vers l’excellence.
Si l’État, depuis les années 1960 et l’impulsion décisive donnée par le général de Gaulle, prend toute sa part pour accompagner ces sportifs vers les sommets, la création de l’Agence nationale du sport (ANS) en 2019 a été l’occasion de donner un nouveau souffle à notre modèle. C’est ainsi qu’aux côtés de l’accompagnement des fédérations, l’ANS a mis en place une préparation sur-mesure en direction de 490 sportifs les plus susceptibles d’obtenir une médaille aux Jeux, leur assurant des conditions de vie satisfaisantes.
Ce volet socio-professionnel compte bien parmi les principaux volets de l’accompagnement du sportif de haut niveau, aux côtés de l’accompagnement technique, technologique, médical et psychologique. Pour autant, nos sportives et nos sportifs peinent trop souvent encore à trouver le juste équilibre entre la performance sportive, qui leur demande tant, et la vie sociale et professionnelle, qui, par conséquent, passe souvent au second plan.
La sérénité est pourtant un facteur clé de performance, que ce soit grâce à des conditions sociales d’existence satisfaisantes ou des perspectives de fin de carrière rassurantes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la sérénité compte parmi les critères retenus au sein des projets de performance fédéraux (PPF), élaborés par les fédérations, instruits par l’ANS puis validés par le ministère des Sports et des jeux Olympiques et Paralympiques.
Mais, plus largement, je suis persuadée que ces sportifs, qui donnent pour leur pays, ont tellement à apporter à la société tout entière, notamment au monde de l’entreprise. Rappelons-en qu’en France, aux côtés des 15 000 sportifs de haut niveau inscrits sur les listes ministérielles, 7 000 sont identifiés dans des structures d’entraînement référencées par le ministère et près de 10 000 sportifs le sont dans les clubs professionnels ou leur centre de formation. C’est un vivier gigantesque !
Le 6 septembre dernier, j’ai fait le choix de consacrer le premier atelier « Impulsion politique et coordination stratégique », un nouveau format destiné à prendre à bras le corps les grands défis du sport en France, au suivi socio-professionnel et à la reconversion des sportifs de haut-niveau, aux côtés de 50 parties prenantes représentant à la fois les ministères concernés, le mouvement sportif, les sportifs, les entreprises ainsi que les acteurs de la formation et de l’emploi.
Notre premier axe, c’est bien sûr de renforcer les liens avec le monde académique ; les formations diplômantes demeurant un sésame de premier ordre pour l’accès à la vie professionnelle. C’est ainsi que nous allons à la fois mettre en place des partenariats renforcés avec des universités et des grandes écoles, mais aussi densifier l’offre de dispositifs scolaires aménagés.
Le second, qui est extrêmement complémentaire, concerne l’insertion et la reconversion professionnelles de nos sportifs. Il est primordial pour nous de rapprocher les sportifs de haut niveau de nos entreprises. Dépassement de soi, persévérance, résilience, rigueur, ambition, adaptabilité : autant d’aptitudes liées à la performance sportive qui peuvent être aisément converties en compétences professionnelles, notamment au sein de nos entreprises, et apporter tout à la fois engagement, méthode et créativité à l’ensemble des équipes en leur sein.
D’ores et déjà, un certain nombre d’actions très concrètes vont être mises en œuvre. Je peux citer :
- la transmission d’une circulaire par la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle à l’ensemble des universités et écoles, qui vise à expliquer les modalités d’organisation des études des sportifs de haut-niveau dans les établissements d’enseignement supérieur ;
- l’installation, sous l’impulsion de la direction des sports d’une commission interministérielle permanente du sport de haut niveau d’ici la fin de cette année, qui garantit l’efficacité du dispositif d’accompagnement et de suivi des SHN, en leur apportant des réponses à leurs besoins spécifiques ;
- la mise en place de conventions-cadre entre les rectorats et les établissements jeunesse et sport (CREPS, écoles nationales), et de partenariats avec les universités et les grandes écoles, qui garantissent les conditions de réussite du double cursus pour les SHN ;
- le déploiement des cellules OFIR (Orientation, formation, insertion et reconversion) dans chacune des maisons régionales de la performance (MRP), avec la mission de construire un projet sur mesure avec chacun des sportifs de haut niveau relavant de leur territoire ;
- la promotion auprès des entreprises des dispositifs de soutien financier (de type mécénat) via la Fondation du sport français, et des emplois aménagés (convention d’insertion professionnelle – CIP, et convention d’aménagement dans l’emploi – CAE).
Parallèlement, nous continuerons de sensibiliser les entreprises, petites comme grandes, à la force de frappe qu’elles ont pour soutenir nos sportifs tout au long des prochains mois, que ce soit en mobilisant les dispositifs de soutien financiers ad hoc de la Fondation du Pacte de performance, ou en les recrutant en leur sein via des dispositifs d’emplois aménagés (CIP et CAE) ou des offres plus classiques à l’issue de leur carrière sportive.
De la première licence jusqu’au soir de la retraite, nos sportifs qui en ont le talent et l’envie doivent pouvoir viser les plus hautes performances sans jamais perdre de vue l’après-carrière.
Leur donner la sérénité de voir cet « après » leur permettra de briller de mille feux lors de Jeux « à la maison », et de faire vibrer une Nation tout entière, car ils sauront qu’ils pourront s’épanouir durablement et montrer à l’ensemble de la société tout ce qu’ils peuvent lui apporter.
Avec les Jeux, nous avons donc une formidable opportunité de construire en héritage un modèle à la fois plus durable, plus performant et plus juste pour nos sportifs. Alors allons-y !